Visite du Québec

mylife
July 30 , 2011

Le camp de “thérapie par l’aventure” nous ayant donné un véritable goût pour le camping, Charlotte et moi avons décidé de partir quelques semaines en vacances en emportant une tente avec nous. Ou alors, c’est parce que nous sommes des expatriés sans le sou, je vous laisse seul juge… Quoi qu’il en soit, nous avons acheté le matériel manquant, loué une voiture et sommes partis à la découverte du Québec.

1° Le lac St-Jean

Première étape de notre périple : le lac St-Jean, qui est le troisième plus grand du Québec si l’on exclut les réservoirs des barrages hydro-électriques. Nous nous y sommes rendus en passant par Trois-Rivières, puis en montant direction La Tuques par la route 155. C’était la première fois pour moi que je conduisais aussi longtemps. Heureusement que Charlotte et moi nous sommes partagés le temps au volant !

Une rencontre innatendue

Peu avant la Tuque, nous sommes tombés complètement par hasard sur un “Marché Ô Puces” des plus remarquables. Une véritable oeuvre d’art brut, pleine de merveilles, située au bord de la route, et un peu partout, des pancartes très touchantes, écrites à la main avec une orthographe originale. Nous avons discuté quelques instants avec le propriétaire des lieux : dur dur de le comprendre avec son accent ! Malheureusement, nous avons rapidement dû repartir pour terminer notre route de jour.

Première nuit passée à Mashteuiatsh, une des plus grandes communautés indiennes de la région. Cependant, nous n’avons pas pris le temps de visiter car nous étions très fatigués. A la place, nous sommes allés nous baigner quelques instants à la plage avant de préparer le souper. La vue était réellement impressionnante : le lac est si grand que nous avions l’impression d’être au bord de la mer. La seule chose manquante était l’eau salée !

Notre tente au parc de la Pointe-Taillon

Le lendemain, nous nous sommes rendus au Zoo sauvage de St-Félicien destiné à préserver la faune de la Boréalie. A peine entrés, nous avons été accueillis par trois magnifiques ours polaires et avons même assisté à leur “snack”. Le parc était très grand et nous avons eu l’occasion de voir quantité d’espèces : grizzli, lynx, wapiti, orignal, tigre de sibérie, castor, loutre, etc. Ce fut d’ailleurs nos seuls et uniques animaux de la région observés pendant le voyage, à l’exception de quelques marmottes.

Le soir, nous avons planté notre tente dans un parc national interdit aux voitures. Nous avons dû louer des vélos et une petite remorque pour nous rendre à notre camping situé à environ 4 km du parking. Nous avions décidé de visiter le parc le lendemain matin. Comme nous avons été réveillés par la pluie le lendemain, notre visite du parc a été reconduite… Direction : notre prochaine étape plus tôt que prévu.

2° Le fjord du Saguenay

Il pleuvait toujours quand nous sommes arrivés à Chicoutimi. Le point de vue que nous avons trouvé en arrivant aurait sûrement été magnifique par beau temps, mais le brouillard ne nous permettait pas de voir plus loin que la ville située juste en-dessous. Après une petite balade dans la rue principale et une halte prolongée dans une librairie pour s’abriter de l’orage, nous avons mangé dans un grill des plus américains.

L’après-midi, direction La Pulperie, une ancienne usine de pâte à papier transformée en musée. Deux expositions permanentes nous ont permis d’en apprendre plus sur l’histoire de la ville ainsi que sur un artiste local : Arthur Villeneuve. Ce barbier a décidé de réaliser des peintures sur chacun des murs de sa maison (autant à l’intérieur qu’à l’extérieur). Au grand plaisir de Charlotte, nous avons également pu visiter une salle consacrée au travail d’un ethnologue ayant été à la découverte des contes et légendes du Québec.

Le long du Fjord du Saguenay

Notre nid douillet à L'Anse-Saint-Jean

Finalement, nous avons longé la rive sud du fjord du Saguenay pour nous rendre à L’Anse-Saint-Jean dans un camping 4 étoiles avec jaccuzzi et piscine chauffée. Les paysages le long de la route étaient vraiment magnifiques, malheureusement le temps est resté couvert jusqu’au lendemain après-midi.

3° La Côte Nord

Après un passage sur le ferry pour traverser le fjord, nous nous sommes arrêtés à Tadoussace pour dîner. La ville était bondée de touristes, la plupart venus faire une croisière pour voir les baleines. A la base, nous étions intéressés par ce genre d’excursion, mais la foule nous a complètement découragés, c’est pourquoi nous avons décidé de continuer notre route.

Charlotte fête le retour du soleil

Le soleil a fini par pointer le bout de son nez, nous en avons profité pour prendre quelques photos. Un peu plus loin, à Ragueneau, nous avons trouvé un coin surprenant. Un point de vue sur le fleuve avait été aménagé par un artiste : des dinosaures pour symboliser la force et un obélisque pour la sagesse. L’ambiance était superbe et nous avons également découvert le sentier didactique sur la nidification des oiseaux du fleuve.

Le lendemain, direction Baie-Comeau et son fameux [Jardin des Glaciers](http://www.jardindesglaciers.ca/. Nous avons bénéficié d’un forfait comprenant une nuit dans “un manoir) et de plusieurs visites. Le matin, nous avons eu droit à un spectacle multisensoriel sur la formation de l’inlandsis laurentidien il y a 12’000 ans et les bouleversements géologiques qui se sont produits dès lors, ainsi que l’histoire des premières civilisations nord-américaines. L’après-midi, une balade en petite voiturette électrique décapotable dans le “parc d’aventures maritimes” nous en a appris plus sur ces peuplades, tout en étant accompagnée par une pluie torrentielle, mais quel souvenir !

La nuit dans un hôtel 4 étoiles nous a vraiment fait du bien. Le lendemain, nous étions en pleine forme pour aller visiter la vallée des coquillages. Le site était vraiment impressionnant. On dirait une carrière, les pentes ressemblent à du sable, mais il s’agit en fait à 90% de coquillage fossilisés déposés là il y a des milliers d’années, lorsque la mer s’est retirée. La plupart est brisée en plusieurs morceaux, mais il en reste quantité d’intactes.

Après quelques dernières courses, il était temps de poursuivre notre périple…

4° La route 389

Camping sauvage avec les moustiques

La route 389 c’est 570 kilomètres sans aucune ville ou village qui relie la Côte Nord au Labrador, dans une région presque entièrement recouverte de forêt, sans oublier les quelques 250 km qui ne sont pas asphaltés. A la base, nous voulions simplement nous rendre au réservoir Manicouagan, également appelé “Oeil du Québec” (regarder une carte pour comprendre), puis finalement : pourquoi ne pas continuer jusqu’à Labrador City ?

Première étape le long de la route, Manic-Deux, un des nombreux barrages d’Hydro-Québec, le fournisseur provincial d’électricité. Le barrage n’est pas vraiment impressionnant en soi quand on a vu la Grande Dixence, mais la visite nous a permis d’apprendre que plus de 95% de l’électricité consommée au Québec est produite par des barrages. La partie technique était particulièrement bien vulgarisée et la présentation très agréable.

Initialement, nous avions prévu de dormir au camping situé près du barrage, mais vu l’heure peu avancée et notre envie de visiter Manic-Cinq le lendemain (à 200 km de là), nous avons décidé de continuer la route. Pour le moment, elle était encore asphaltée, donc nous roulions bien. Nous nous sommes finalement arrêtés sur ce qui semblait être une piste d’accès à un lac, pour monter la tente. Les moustiques (maringouins, brûlots, mouches à chevreuil etc.) étaient si envahissants que Charlotte a sorti l’artillerie lourde (voir la photo).

Route 389 : graviers

Route 389 : asphalte

Nous nous sommes réveillés de bonne heure pour pouvoir faire la première visite du fameux barrage. Celui-ci est beaucoup plus impressionnant : 214 mètres de haut pour 1314 mètres de large. Le bassin de retenue (le réservoir Manicouagan), est un des plus grands au monde avec sa superficie de 2000 km2. La vue depuis le sommet du barrage était à couper le souffle.

La visite terminée, nous avons repris la route. A partir de cet endroit, elle est en gravier pour les 175 prochains kilomètres. Charlotte était au volant, les débuts étaient un peu difficiles, mais elle a rapidement pris confiance et les kilomètres ont commencé à défiler. Nous nous sommes arrêtés une première fois au Refuge du prospecteur pour nous renseigner sur les monts Groulx situés à proximité. C’est là que nous avons entendu parler pour la première fois du camp nomade à seulement quelques kilomètres et où nous avons passé deux nuits sur le chemin du retour. Après un petit tour de reconnaissance là-bas et une rencontre avec un français et un québécois qui nous a un peu parlé des sentiers de la région, nous avons repris courageusement la route.

Manic-Cinq

La suite était vraiment monotone : droit et poussiéreux, à l’exception de quelques 100 kilomètres à partir l’ancienne ville minière de Gagnon. Nous sommes arrivés à Fermont assez tard. La première vue de la ville était très particulière avec son mur-écran : une sorte d’immeuble en tôle d’une dizaine d’étages et plusieurs centaines de mètres de large construit pour protéger le reste de la ville du vent. Malheureusement pour nous, il n’y existe qu’un seul hôtel et plutôt cher par ailleurs, c’est pourquoi nous avons décidé de continuer jusqu’à Labrador City.

Une fois arrivés, on ne peut pas dire que c’était vraiment mieux : la ville est vraiment petite et les hôtels bondés (pour une raison qui nous échappe encore). Heureusement, nous avons trouvé une place et après un MacDo bien mérité, nous nous sommes endormis, épuisés par la route !

5° Les monts Groulx

La maison de Jaques, camp nomade

Nous avons profité d’avoir un bon lit pour dormir un peu plus longtemps que d’habitude avant de reprendre la route direction le camp nomade au beau milieu de la route 389. Nous sommes arrivés en début d’après-midi pour tomber sur deux montréalais, habitant à deux pâtés de maison de chez nous ! Pour un endroit sensé être visité par seulement 200 personnes chaque été, quelle coïncidence !

Le camp est vraiment incroyable : deux petites maisons en bois, des oeuvres d’arts partout dans la forêt avoisinante et une “cabane à suer”. Seul défaut d’après nos “colocataires”, ils avaient fait la connaissance avec les autochtones de l’endroit (des rats) la nuit précédente. Ils avaient donc planté leur tente à l’extérieur. Nous avons l’après-midi à discuter, nous avons même essayé le sauna sans que cela soit vraiment concluant et nous avons décidé de partir à la conquête du mont Provencher ensemble le lendemain. La nuit venue, prenant notre courage à deux mains, nous avons décidé de dormir à l’intérieur !

Le lendemain, départ à 9h30. Charlotte et moi sommes partis légers, nos acolytes avaient pris tout leur paquetage car ils avaient décidé de passer une nuit en haut avant de redescendre. Durant les premiers kilomètres, nous avons vu encore quelques oeuvres le long de la route et des bancs de temps à autre, mais plus nous avancions, plus la progression était difficile. Le sol était vraiment boueux et nous n’avions que des baskets. Après environ 3h, nous avons atteint notre objectif : la vue est simplement stupéfiante !

Une image de notre voyage

Après un petit pique-nique, nous nous sommes séparés. Ils ont continué un peu plus loin avant de monter leur tente, tandis que nous sommes redescendus. Arrivé en bas, nous avons pris le temps d’explorer toutes les merveilles du camp nomade.

6° Au souffle des baleines

Une image de notre voyage

A notre réveil, il nous a fallu reprendre la route, mais avant tout, un petit ménage s’imposait : la voiture était couverte de poussière après deux jours stationnée sur le bord de la 389. Nous nous mettons en route pour les Bergeronnes, afin d’avoir une chance d’aperçevoir des baleines. Lorsque nous avions parlé à nos compagnons de la veille de notre déception concernant Tadoussac, ils nous ont conseillé un camping où ils ont eu l’occasion d’observer plusieurs cétacés.

Une image de notre voyage

Nous arrivons à notre escale en début de soirée, après une longue route vraiment monotone. Les nombreux kilomètres de ce voyage commençaient vraiment à se faire sentir et rouler sur du gravier n’est pas de tout repos.

En revanche, ils ne nous avaient pas menti : le cadre est grandiose ! Notre emplacement était très particulier : une plate-forme en bois à même les rochers où monter sa tente et malgré les quelques autres campeurs alentour, nous avions l’impression d’être seuls. Depuis notre “perchoir” : nous avons pu apercevoir quelques petits animaux marins reprenant leur souffle à la surface du fleuve.

Nous sommes restés un bon moment à veiller près du feu dans l’espoir de voir une grosse baleine, mais il nous faudra attendre le lendemain matin, 6 heures et demi pour être précis. C’est à ce moment-là que Charlotte m’a réveillé : “Une baleine ! J’entends une baleine !” Le dépliant avait raison, on s’est vraiment fait vraiment réveiller au souffle des baleines (et aux exclamations de Charlotte). En effet, on entendait clairement de puissants jets d’eau ! Malgré que nous n’avons pas eu l’occasion de voir leur queue hors de l’eau, le spectacle valait la peine.

7° Le chemin du retour

Bien qu’il n’était que vendredi et que nous avions initialement prévu de rentrer pour le 1er août, nous avons quand même pris la décision de faire la route jusqu’à Montréal d’une seule traite.

Nous nous sommes tout de même arrêtés à Baie-Saint-Paul pour visiter le centre ville que tous les guides décrivent comme incroyable. Nous avons même dîné sur place : j’ai pris un “hot-dog européen” pour voir à quoi cela ressemblait… J’ai été surpris car jamais auparavant je n’avais goûté pareil mets : deux pains toasts avec saucisse et choucroute !

Le reste de la route s’est bien passé et nous avons même évité les bouchons à Montréal… Voilà des vacances bien remplies : 3200 kilomètres et des images plein la tête !

Bonus: notre itinéraire

Suivez le lien. Le point K représente l’endroit où nous avons fait du camping sauvage et le point O la maison de Jaques.